Ultra Trail d’Angkor, le trail hors du temps
Les sportifs et sportives le savent bien, il y a des courses qui marquent plus que d’autres. Certaines nous laissent des souvenirs indélébiles. Cela peut être en raison de l’effort que l’on a produit ce jour-là, de la performance réalisée, de conditions climatiques extrêmes ou du cadre grandiose dans lequel elles se sont déroulées. C’est bien simple, l’Ultra Trail d’Angkor 2020 l’est pour toutes ces raisons à la fois.
Courir à travers le site archéologique d’Angkor ? Un truc de dingue qui m’est arrivé grâce à une heureuse concordance de dates : nous avions prévu de rejoindre le Cambodge depuis la Thaïlande à la même période. Et puisque participer à des compétitions sportives est indissociable d’un road trip en sac à dos pour moi, cet événement tombait à pic dans le calendrier !
N’ayant pas l’habitude des « longues » distances, j’ai choisi le format 32km (Jungle Trail) qui m’effrayait tout de même pas mal avec son départ à 7h du matin. En effet, avec la chaleur d’Asie du Sud-Est que je savais déjà bien présente à cette heure-là, la donne n’était pas la même. Mais bon, ce n’est là évidemment qu’un détail lorsqu’on est sur le point de vivre une aventure aussi exceptionnelle.
Direction la Terrasse des Éléphants !
Comme pour le retrait des dossards la veille, l’Hotel Paradise est choisi pour le lieu de rdv le matin de la course. Les inscrits des formats 128, 64 et 32km sont déjà passés par là quelques heures plus tôt mais il fait toujours nuit noire lorsque les vans nous acheminent vers la Terrasse des Éléphants, au cœur du site archéologique d’Angkor.
La Terrasse des Éléphants se situe au centre de la cité royale Angkor Thom. Pour l’événement, elle constitue la place où s’achèvent les différentes courses. Historiquement, c’est la terrasse du Palais Royal sur laquelle défilaient les armées victorieuses des rois khmers à leur retour de campagne.
Sur la place, des tentes sont installées pour permettre aux coureurs de laisser quelques affaires à récupérer en fin de parcours. On assiste collectivement à un rapide briefing de la part de l’organisation. Ils nous rappellent le règlement de l’épreuve ainsi que les consignes à respecter étant donné que nous sommes sur un site protégé.
Puis, à l’issue de l’intervention, on remonte dans les vans pour à nouveau 30 minutes de route. Le soleil commence tout juste à se lever et dévoile progressivement les trésors d’Angkor. La journée promet d’être belle.
Jungle Trail : 32km dans un cadre d’exception
Après un échauffement d’une quinzaine de minutes sous les regards déconcertés voire amusés de certains locaux, le départ est lancé. Comme premier cadeau pour les yeux, nous sommes accueillis par un soleil levant rouge vif que l’on admire en longeant un petit lac. Le tracé alterne ensuite les portions d’asphalte, les chemins de terre et les rizières gorgées d’eau, toujours sous les yeux de Cambodgiens, beaucoup d’enfants, visiblement heureux de nous voir transpirer. Le terrain est roulant et tant mieux car on avoisine les 35°C.
Au menu des stands de ravitaillement : des petites bananes et de l’eau…FRAÎCHE, entre autres. Si le rafraîchissement fait un bien fou avec cette chaleur écrasante, la belle idée de l’organisation est surtout d’avoir proposé aux villageois de tenir les stands afin de les impliquer dans l’événement. Certaines personnes auraient même été prêts à leur acheter des fruits ou des boissons pour faire marcher le commerce local. Pour les prochaines éditions, peut-être.
Le tracé nous fait zigzaguer à travers la campagne cambodgienne, croiser des habitants du coin et aussi quelques animaux. En tête de course, les moments de partage avec les gens sur le bord de la route sont brefs mais intenses. Ils se limitent à des sourires sincères et des checks aux enfants. Néanmoins, on profite longuement et tout autant que les autres du cadre littéralement incroyable !
La porte du Bayon et le finish
Bien entendu, Angkor ne serait pas si splendide sans ses nombreux vestiges datant de l’Empire Khmer. L’Ultra Trail d’Angkor ne les évite pas, bien au contraire.
En plein effort, lorsque je m’y attends le moins, un de ces immenses édifices se dresse devant moi au détour d’un chemin ou en sortie de jungle. Je découvre ainsi les ruines des somptueux temples d’Angkor que nous n’avons pas encore eu le privilège d’admirer avec Cheap au jour de la course.
Ayant visité le site archéologique dès le lendemain, je ne saurais plus vous dire par quels anciens temples le trail nous aura fait passer mais si vous souhaitez voir davantage de photos d’Angkor, je vous renvoie à cet article.
Un souvenir inoubliable pour moi est le passage sous la grandiose porte du Bayon, le temple proche de la Terrasse des Éléphants. Alors que les derniers kilomètres deviennent très difficiles notamment à cause de la chaleur, cet arche colossal signale une chose bien venue pour tous les participants : le dernier kilomètre.
Seul dans cette interminable ligne droite, je me sens perdu dans un autre temps et réalise à quel point je vis quelque chose de grandiose.
Au bout de la route, le temple du Bayon se présente comme une ultime récompense avant la fin. Sa présence me fait oublier que je n’ai pas évité le mur des 30km. Et puis, un dernier virage et la voilà enfin : la ligne d’arrivée. Les poings serrés, poussant un cri de rage, j’en ai terminé.
Le chrono : 2h38. Un gamin cambodgien s’approche pour me remettre la médaille « finisher ». Je n’ai d’autre réflexe que de le serrer fort dans mes bras.
Pour la première fois que je cours cette distance, ma stratégie aura été la bonne pour accrocher le podium. Mais une chose est sûre, la prochaine fois, je prendrai mon sac d’hydratation sur le dos. 😅
Un spectacle d’après-course
L’organisation de l’UTA est excellement bien ficelée, du retrait des dossards à la communication d’après-course. Le ravitaillement en Terrasse des Éléphants permet vraiment de récupérer. Heureusement, car il faut patienter de longues minutes avant d’assister à la dernière « surprise », à savoir un spectacle local devant le Ministre du Tourisme cambodgien, l’Ambassadrice de France au Cambodge et les organisateurs du trail.
La petite représentation met en scène de jeunes Cambodgien(ne)s dans des numéros de danse et de combat traditionnels. Le spectacle est très plaisant à regarder. Ensuite, nous avons le droit à quelques paroles des officiels présents, puis les podiums sont annoncés. Apparemment, les Français qui étaient déjà bien présents sur l’UTA, le sont aussi sur les podiums des 16, 32 et 42km. Les autres podiums ont eu lieu plus tard à l’Hotel Paradise.
Autre surprise mais de Tif cette fois qui a réservé une nuit dans un hôtel haut de gamme de Siem Reap avec piscine et buffet à volonté au petit-déjeuner. 🤩 Décidément, cette journée fut pleine de surprises. Maintenant, place à la récupération !
Conclusion
Pour l’organisation et le cadre, tous les deux d’exception, je recommande à tous les amoureux de la course à pied de participer à une édition de l’Ultra Trail d’Angkor au moins une fois dans sa vie. Quelque soit la distance choisie, cette course nous plonge au cœur de l’authentique campagne du Cambodge ainsi qu’au plus près des vestiges de l’Empire Khmer qui font la renommée du site.
Cette course magnifique avec pour principale difficulté la chaleur d’Asie du Sud-Est se déroule sur terrain plat. Les chemins de terre sont omniprésents et les échanges avec les habitants du coin bien réels. L’accès au site archéologique est compris dans l’inscription et laissent la possibilité aux courageux et courageuses d’enchaîner avec un peu de visite à l’issue du trail.
En dépit de la situation actuelle, j’espère que ce véritable voyage en pays khmer pourra se reproduire à l’avenir dans les mêmes conditions exceptionnelles que j’ai connues pour cette édition 2020. Quoi qu’il en soit, l’Ultra Trail d’Angkor 2020 restera à jamais gravé dans mes souvenirs.