Jeûner 3 jours : Cap ou pas Cap ?
[Raconté par Cheap]
À trois reprises, j’ai essayé de jeûner mais à chaque fois, je m’arrêtais au deuxième jour dès le réveil à cause de la fameuse crise d’acidose. Cette fois-ci c’est décidé, ma motivation sera sans faille !
J’ai décidé de faire ce jeûne car je suis de nature curieuse, j’ai envie de voir ce que ça va donner et j’ai aussi très envie de me challenger. Si je peux en plus me sentir mieux, ce ne sera que du plus !
Je n’ai pas fait de préparation étant donné que je mange végétalien et celle-ci n’est d’ailleurs pas obligatoire. J’ai juste mangé plus léger la veille au soir avant le début du jeûne : une petite soupe à la citrouille.
J’ai profité d’être au calme pendant le voyage pour me lancer. Nous avions loué une maison à Ubud pour trois semaines, le cadre et le contexte étaient ainsi parfaits !
Jour 1 : J’ai faim.
Dès le réveil, j’ai faim à cause du faible repas de la veille. Je dois cependant me contenter d’une infusion à la menthe. La faim ne me quittera pas de toute la matinée.
Le midi, je fais à manger pour mon Chaton. Je profite des légumes que je fais cuire à l’eau pour récupérer le bouillon de légumes qui n’est… vraiment pas très bon.
L’après-midi, j’ai un peu faim par moment mais j’ai une bonne énergie. Nous partons donc nous balader. D’ailleurs nous finissons cette randonnée en nous perdant et nous devons marcher les pieds dans un ruisseau plein de boue car nous n’avons pas osé prendre le chemin principal à cause de gros chiens. ? Au retour je commence à avoir un peu mal à la tête et décide de ne pas faire de sport comme j’avais prévu.
Au repas du soir : bouillon qui me semble un peu meilleur.
Jour 2 : La descente aux enfers
Je savais que le réveil allait être dur par expérience. Mon haleine a déjà commencé à se charger à cause des toxines. En effet, ma langue est toute blanche. Je peine à sortir du lit tant ma tête est lourde. J’ai cependant bien dormi.
Je me lève et je suis prise de vertiges, je tremble. L’odeur d’une bouteille de gaz à l’extérieur de notre maison me paraît hyper forte. J’ai du mal à supporter cette odeur d’habitude mais à ce moment précis, je manque de vomir. Je serai donc en apnée pendant plusieurs minutes. Depuis ma chambre, je sens l’ananas coupé qui est sur la table dehors.
Mon sens de l’odorat est décuplé autant pour les odeurs qui me dégoûtent que pour les odeurs agréables.
Je m’assois sur notre terrasse mais pas d’ananas pour moi et pendant plus d’une heure, je vais être vraiment mal. Je sens que j’ai pourtant de l’énergie mais j’ai tellement de vertiges ! Impossible de me concentrer, d’écouter, de regarder un écran sans être mal, ma vision est plutôt floue. J’ai surtout une forte envie de vomir et des nausées.
Au bout d’1H30, je me sens un peu mieux mais je n’ai toujours aucune faim depuis mon réveil. J’ai aussi très froid. Mes mauvaises sensations passent petit à petit au fil que la matinée se déroule. Impossible de faire une activité physique, je passerai donc ma matinée à naviguer sur le net.
Fin de matinée, je prépare à manger pour le Chaton : aubergines à l’ail, concombre cuit (je vous assure que cuit c’est bon !), tempeh mariné à la sauce soja et riz frit. Au fur et à mesure que je prépare le repas, je me rends compte que je n’éprouve étrangement aucune faim.
Le midi, je ne ressens plus aucun symptôme et je n’ai toujours pas faim. Je ne vais donc même pas boire mon bouillon qui me restait de la veille.
L’après-midi se déroule bien, nous prenons le scooter pour aller faire des courses. En rentrant, je commence à avoir à nouveau des nausées et un bon mal de tête qui ne me quitteront pas de la nuit. Cette dernière va être horrible. Je me réveille énormément et manque de vomir à plusieurs reprises. J’ai des remontées acides, je n’ai jamais connu ça. J’ai très mal à la gorge, ça me serre, mes jambes me font également souffrir et surtout mon cœur bat hyper vite comparé à d’habitude ! (80 bpm versus 63 bpm)
Jour 3 : L’enfer
Au réveil, je ne vais pas mieux du tout. Mon haleine est toujours chargée. Je passe mon temps dans le lit car dès que je suis debout mes nausées s’aggravent. L’odeur de certains aliments me dégoûte. Au programme ce sera donc séries et films.
Pas de bouillon pour moi le midi.
L’après-midi, je me force à retourner faire des courses pour prendre un peu l’air mais c’est un effort. Je tente de boire une tisane à la camomille mais j’abandonne au bout de quelques gorgées tant j’ai de dégoût…
La nuit va être moins pénible mais très difficile. Mes jambes me font vraiment mal et ces nausées sont atroces. J’ai tellement hâte d’être demain…
Reprise – jour 1 : La résurrection
Ça y est, on y est !
Je devrais être heureuse de pouvoir remanger mais je n’ai même pas faim. Ma langue est toujours blanche, ma tête est lourde, mes nausées toujours présentes et les quelques bouts de pastèque que je mange me font vraiment du bien.
La matinée est donc agréable.
Le midi, ce sera tomates cerises et des bâtonnets d’un quart d’une carotte crue. Je ne finirai même pas mon bol.
Je prends des photos de mon ventre désormais tout creux, j’ai perdu beaucoup de poids, c’est vraiment pas beau à voir… Difficile d’estimer sans balance mais au moins 4kg sans hésiter.
Le soir, j’introduis des légumes cuits : ce sera haricots verts à l’ail avec le reste des tomates cerises du midi.
Reprise – jour 2 : Un départ en douceur
Ma nuit a été excellente mais courte car je voulais me lever à 6H30 pour aller au marché. Erreur de ma part. Les quelques mètres que je parcours là-bas sont une épreuve. J’ai très mal aux jambes, je marche doucement et mon cœur n’a jamais battu aussi vite depuis le début du jeûne (118 bpm !).
Une fois de retour, je vais directement dormir. C’est parti pour 2 heures de sommeil profond qui me font un bien fou ! Ma langue n’est plus blanche, finies les nausées. Je dois tout de même veiller à me lever très lentement.
Le midi, ce sera purée de pommes de terre et carottes. Le goût est incroyable !
Bilan :
En toute sincérité, je pensais vraiment que ce jeûne serait moins difficile. Certains parlent d’une sorte de second souffle au 3ème jour et malgré le 4ème jour qui pointait son nez, je sentais qu’il était temps que j’arrête car je suis fine et je n’ai clairement pas assez de réserves. Néanmoins, j’ai vraiment ressenti un bien-être digestif qui j’espère perdurera. Je pensais mettre moins de temps à me « rétablir » complètement mais il m’aura fallu une semaine pour que mes jambes et mes bras ne me fassent plus souffrir.
Mes conseils :
– Une préparation n’est pas nécessaire mais est préférable pour ressentir moins d’effets liés au jeûne. On enlève tout ce qui est excitant quelques jours avant comme le café, le thé, le sucre et l’alcool.
Après avoir enlevé les protéines 2 jours avant de vous lancer, la veille vous pourrez ensuite retirer de votre alimentation les céréales, légumineuses et oléagineux pour ne garder que les fruits et les légumes.
– La reprise alimentaire est TRÈS importante, je dirais même que c’est l’étape la plus importante. Attention à ne pas trop manger, allez-y par petites quantités.
Faîtes l’inverse de la préparation : rompez le jeûne uniquement avec des légumes et fruits crus. Vous pouvez ensuite les ajouter cuits. Viendront ensuite les céréales, légumineuses et en tout dernier les protéines.
Votre système digestif a été mis au repos (pour son plus grand bien !), en adoptant un mauvais régime à l’issue du jeûne, non seulement vous perdrez tout l’effet bénéfique de cette expérience mais vous vous sentirez plus mal qu’avant !
– Un jeûne de moins de 3 jours est inutile si votre but est de mettre complètement votre système digestif au repos.
– Le jeûne ne convient pas à tout le monde. Dans mon cas, je pense qu’il aurait été contre-productif d’entamer un jeûne plus long au vue de ma morphologie.
– La crise que j’ai traversée s’appelle la crise d’acidose. Pas d’affolement, c’est tout à fait normal ! Cela veut dire que votre corps se détoxifie. Certes votre système digestif est mis au repos, mais pas les autres organes qui vont accélérer pour éliminer les toxines.
Un cœur qui bat vite, des maux de tête, des nausées voire des vomissements, des boutons ou encore une haleine forte : tout cela montre juste que votre corps réagit.